Au coeur des cyclones, rencontrez le coeur d’une humanitaire pour les « femmes-lessive » de Madagascar
« Ces femmes attendent la mort, désespérément, mais la semence de l’Evangile a poussé en elles et ne les laissent pas sans espoir. »
Les secours sont sur place après le passage du cyclone Emnati, à Madagascar, mais sont empêchés par les intempéries de mener des recherches approfondies dans les zones les plus touchées, à savoir le sud-est et le sud de la grande île.
Faly Aritiana Fabien, du Bureau national de gestion des risques (BNGRC), affirme qu’il n’est pas encore possible de dresser un bilan humain. « Pour l’instant nous n’avons pas de retour signalant d’éventuels bilans humains », explique-t-il à l’AFP, avant d’ajouter, « mais il faut rester prudent, nous sommes à moins de 24h après l’arrivée du cyclone ».
Le cyclone #Emnati traverse en ce moment Madagascar en provoquant de nombreux dégâts. Sept régions sont encore en alerte rouge.
Les équipes du BNGRC réalisent les premières évaluations et organisent la réponse d’urgence. Un bilan provisoire sera publié prochainement. pic.twitter.com/1s1ASB0sPC
— BNGRC MADAGASCAR (@BngrcMada) February 23, 2022
À Mananjary, une zone dévastée par le précédent cyclone Batsirai, une habitante s’inquiète auprès de RFI du manque de nourriture.
« En revanche, presque tous les arbres ont été abîmés. Donc il n’y a ni les fruits à pain, il n’y a plus de bananes vertes. Donc tout le monde est affamé. On a tellement besoin de nourriture… »
Faire face au besoin de nourriture des Malgaches dévastés par les cyclones successifs, c’est l’objectif de l’organisation Un Verre d’Eau, qui souhaite également apporter des fournitures de premières nécessités et permettre la construction de bâtiments.
Sur place, leur partenaire, Esther Razanampinoana, s’occupe particulièrement des « femmes-lessives ». Elle a répondu aux questions d’InfoChrétienne.
Esther Razanampinoana, vous êtes partenaire de l’organisation Un Verre d’Eau à Madagascar, pouvez- vous vous présenter pour ceux parmi nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?
Femme de pasteur et mère de 3 enfants, je suis passionnée de l’humanitaire holistique auprès des plus vulnérables. Et cela parce que Jésus-Christ a toujours passé en premier la rencontre personnelle avec Lui avant de délivrer quelqu’un. Tout a commencé en mars 2017 lorsque le cyclone Enawo a frappé Madagascar. J’avais à cœur de venir en aide aux sinistrés d’un bas quartier de Tana et j’ai commencé un travail humanitaire auprès d’eux. Je suis partenaire d’Un Verre d’Eau depuis 2020. Nous collaborons avec confiance et fraternité pour le compte de notre Seigneur Jésus-Christ.
Quelle est la situation sur place, après le passage d’Ana et de Batsirai ?
Tout simplement catastrophique ! Tana est particulièrement touchée par Ana, les photos ont montré des maisons submergées par les pluies diluviennes, quelques-unes ont été emportées elles-mêmes, des routes coupées… Pas mal d’éboulement et d’effondrement de maisons ou de talus...Quant à Batsirai, il a touché fortement la côte est, sud-est malagasy, qui a laissé de lourdes séquelles, dégâts matériels et humains. Une ville toute entière est en ruine sauf deux maisons, le cas de Nosivarika et alentours.
Après ces cyclones, Madagascar qui est déjà classé parmi les 5 pays les plus pauvres de la planète s’enfonce de plus en plus dans la misère, les sans abris sont multipliés en grand nombre. L’Etat malagasy a fait de son mieux dans l’aide aux sinistrés mais vue l’ampleur du désastre, cette intervention est loin de répondre à tous les besoins.
Après ces deux terribles cyclones, c’est désormais Emnati qui s’abat sur l’île. Quelle est la situation sur place ?
Effectivement, Emnati a fait son apparition cette semaine et a suivi presque la même trajectoire que Batsiraï. Ce cyclone tropical intense a ravagé plus que Batsirai étant donné qu’il a apporté des rafales et de fortes pluies plus que son précédent. Toujours des villages enclavés par la montée des eaux, routes coupées, maisons et quartiers dévastés.
Vous êtes impliquée auprès des « femmes-lessive » d’Ankadipataka. Pouvez-vous nous parler d’elles et de votre action à leurs côtés ?
Ce sont des femmes seules, abandonnées ou veuves avec des enfants à leurs charges. Cent familles au total. Elles vivent en dessous de 2 euros par jour, elles font la lessive du quartier, au lavoir public dès 5h du matin, jusque vers 17h, juste pour cette somme. Leur quotidien est amer. J’habitais dans le quartier et j’avais vu leur calvaire. Un Verre d’Eau a accepté de les soutenir : scolariser leurs enfants (actuellement plus de soixantaine) à chaque début de l’année scolaire, leur offrir des denrées alimentaires à des événements marquants de l’année (nouvel an, Pâques, Fête nationale malagasy, Noël) et quelques coups de cœur à des cas particuliers. Maintenant même si j’ai changé de quartier, mon cœur reste attaché à elles. Avec mon équipe, je remercie vivement Un Verre d’Eau de son fidèle accompagnement dans ce sens.
Quelles ont été les conséquences des cyclones sur la vie des « femmes-lessive » et de leurs familles ?
La plupart sont dans la rue, leurs maisons en bois ou en briques délabrées ne pouvaient pas résister à l’inondation. Des cahiers des enfants ont été mouillés ou emportés par l’eau aussi. Par ailleurs, avec le covid, les gens donnent moins de linge à laver et cela avant même les cyclones. Ces femmes attendent la mort, désespérément, mais la semence de l’Evangile a poussé en elles et ne les laissent pas sans espoir.
Pouvez-vous nous dire quels sont leurs besoins actuels ?
Les PPN, produits de premières nécessités, des ustensiles de cuisine, de couvertures et matelas, des habits sont les bienvenus à cette urgence humanitaire. Mais si on peut faire mieux, les reconstructions des maisons effondrées par l’inondation seront de l’or.
Comment pouvons-nous les aider ?
Vous pouvez nous tendre la main, d’abord en nous soutenant par vos prières. Que ces affligés reprennent courage et espérance en Jésus-Christ qui nous assure son accompagnement fidèle en disant : ‘Je suis toujours avec vous jusqu’ à la fin du monde’ (Matt 28.20).
Concrètement par vos soutiens pour l’acquisition des besoins primaires des sinistrés ainsi que la restauration de leurs « maisonnettes ».
Vous pouvez venir en aide aux « femmes-lessives ». Parce que chaque don compte, n’hésitez pas à rejoindre les centaines de donateurs qui ont fait confiance à Un Verre d’Eau pour ce projet en cliquant ici.
M.C. (avec AFP)